Malgré des efforts pour réduire sa consommation, l’Europe ne parvient pas à dépasser une crise gazière qui a vu son prix grimper jusqu’à 47 Euros/MwH. Pour remédier à cette situation, l’Union européenne a pris plusieurs mesures, dont des obligations de stockage et un projet d’achat groupé. Cependant, afin d’assurer une indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie et alléger les coûts, elle a tourné son regard vers le bassin levantin de la Méditerranée Orientale et ses importantes réserves de gaz naturel, notamment en Egypte, en Israël et à Chypre.
Le stress test d’une fin totale des livraisons de gaz russe en Europe
Selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), il y a un risque très réaliste d’une «fin complète des livraisons de gaz russe à l’Europe», couplé à la reprise économique en Asie et un hiver rigoureux fin 2023 en Europe. Cela provoquerait un déficit estimé à 40 milliards de m3 de gaz. En effet, si la consommation de gaz sur le continent européen a pu baisser de 13 % grâce à différents facteurs (hiver doux, changements de comportements, utilisation d’autres formes d’énergie fossile ou encore plus grande efficience) l’AIE estime que nous ne serons pas en mesure de reconduire ces performances chaque année et que seule une diminution de 20 % de l’utilisation du gaz à des fins de production d’électricité pourrait permettre une baisse supplémentaire de 3 %.
Les mesures d’urgence de l’UE
Depuis 2022, l’Union européenne a instauré des mesures pour réduire les tensions liées au marché du gaz, avec notamment des obligations de stockages en vue de reconstituer les réserves de gaz pour l’hiver. Les objectifs ont été fixés à 80 % pour celui en cours et 90 % pour le suivant. Un projet d’achat groupé a également été mis en place par la Commission Européenne afin de faire baisser les prix. Alors que ce système sera opérationnel d’ici l’été, les États membres devraient commencer à remplir leurs stocks. Malheureusement, l’année dernière, ces efforts communs font monter les prix à des niveaux records. Aujourd’hui, le prix du gaz dans l’UE reste tout de même exagéré : presque 7 fois plus élevé qu’aux Etats-Unis.
La réduction de la dépendance vis-à-vis de la Russie
Face à cette guerre, l’Europe tente d’obtenir son indépendance du gaz naturel russe d’ici 2027. Plusieurs pays ont alors été sollicités pour pallier ce déficit énergétique, à l’image de la Norvège, de l’Algérie, du Qatar et de l’Azerbaïdjan. Cependant, ces pays ne pouvaient pas assurer une production suffisante et il a donc été nécessaire de tourner son attention vers les découvertes gazières en Méditerranée orientale. Ainsi, le 15 juin dernier, l’UE, l’Egypte et Israël ont signé un accord pour la fourniture de gaz naturel à l’Europe. 60 % de la production de gaz Naturel Liquéfié de l’Egypte est exporté vers l’Europe, soit 4 millions de tonnes, plus que le double du volume de 2021.
Les perspectives de l’UE pour réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie
Lisbonne et Nicosie accueillent de nouveaux pipelines
De nouvelles perspectives sont présentes pour réduire la dépendance vis-à-vis de la Russie. L’UE est actuellement à l’œuvre sur le développement de nouveaux itinéraires pour canaliser le gaz depuis le bassin levantin de la Méditerranée Orientale. Deux pipelines sont à l’étude, l’un reliant l’île de Chypre à Lisbonne, l’autre relie Chypre et Nicosie. En outre, le pipeline Eastmed, qui reliera des réserves israéliennes et chypriotes à l’Italie en traversant la Méditerranée, est toujours à l’étude.
Les acheteurs européens peuvent bénéficier du gaz offshore égyptien
Une autre solution consiste à offrir aux acheteurs européens la possibilité d’acheter directement du gaz offshore égyptien. Le Caire souhaite exporter son gas naturel à partir de 2021, et espère obtenir des contrats sur 3 ans pour approvisionner certains pays européens, dont le Royaume-Uni , l’Italie, et la Grèce.
Vers un renforcement des relations entre l’UE et Israël ?
L’accord signé entre l’UE, l’Egypte et Israël semble être une bouffée d’air frais pour la diplomatie de l’UE. La signature de l’accord a été saluée par les dirigeants européens car elle permet non seulement de diversifier les sources européennes de gaz naturel, mais aussi de renforcer les relations politiques entre Israël et l’UE. La crise gazière européenne est loin d’être terminée et les citoyens européens ont encore du mal à supporter un prix du gaz exorbitant. Dans ce contexte, les mesures prises par l’UE pour lutter contre la crise énergétique sont devenues cruciales. Afin de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie et alléger les coûts, l’UE se tourne vers les réserves gazières du bassin levantin de la Méditerranée Orientale. Des progrès notables ont été réalisés avec des accords conclus entre l’Egypte, Israël et l’UE et le développement de nouveaux pipelines. Bien que ces solutions ne résoudront pas la crise gazière à court terme, elles sont néanmoins essentielles pour que l’UE puisse atteindre son objectif d’indépendance énerg
Sources
- https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/la-crise-du-gaz-n-est-pas-derriere-nous-953837.html
- https://fr.euronews.com/my-europe/2023/03/02/crise-energetique-lue-avance-dans-son-projet-dachat-groupe-de-gaz-pour-limiter-les-prix
- https://hebdo.ahram.org.eg/NewsContent/4/132/38990/Opinion/Opinion/-Le-gaz-m;diterran;en-et-la-crise-;nerg;tique-euro.aspx